« Un cri d’amour au centre du monde » de Kyoichi Katayama

Un roman court et puissant, un petit bijou bien ciselé, d’une écriture fine et délicate, dont l’émotion nous poursuit.
C’est l’histoire de deux adolescents amoureux, Aki et Saku’chan, séparés par la mort de la jeune fille, atteinte d’une leucémie à 17 ans. On sait d’emblée que ce roman va nous bouleverser, et pourtant l’auteur ne tombe pas dans les pièges du pathos. Pas de sentiments emphatiques ici, l’histoire d’Aki et de Saku’chan est à l’image de la personnalité de la jeune fille, sensible et réservée. C’est d’ailleurs cette retenue dans l’écriture qui crée toute la profondeur et la pureté des sentiments que l’on éprouve.
On pourrait croire que le thème central du roman est le deuil, mais en réalité il s’agit de l’amour, et du lien pudique qui unit les deux adolescents. En alternant flashbacks d’avant la maladie d’Aki et moments présents, l’auteur enchevêtre plusieurs histoires qui trouvent un écho métaphorique dans la question centrale du roman « que devient l’amour après la disparition de l’être aimé ? ». Notamment le récit touchant du grand-père de Saku’chan qui demande à son petit fils de mélanger ses cendres à celles de la femme qu’il n’aura pu épouser, afin qu’ils puissent enfin être unis, au-delà de la mort.
Le paragraphe final est comme une estampe d’Hiroshige, dont les personnages sont parfois figés par le vent dans un mouvement épuré. L’instant de grâce et l’image aérienne qu’il véhicule sont d’une beauté qui a continué à me submerger bien après la dernière page.
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Un cri d’amour au centre du monde
Kyoichi Katayama
Livre de Poche
2001 (2006 pour la traduction française)

katayama

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